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Cinquante bougies soufflées sur le delta
Reportés d’un an, les 50 ans du parc naturel régional de Camargue ont été finalement fêtés les 25 et 26 septembre 2021. Le CAUE, partenaire du parc, était présent.
Mas du pont de Rousty, Camargue
Un « plat pays » qui ne manque pas de relief. Entre les industries pétrochimiques et métallurgiques de Fos-sur-Mer, à l’est, et le temple du tourisme balnéaire de La Grande-Motte, à l’ouest : l’île-archipel se fond entre deux bras du Rhône et la Méditerranée. C’est là le domaine des oiseaux migrateurs, des chevaux et des taureaux de Camargue, un espace gigantesque dédié à la récolte du sel et à la riziculture.
Plein emploi, mer pour tous et nature protégée…
En collaboration avec les éditions Actes Sud et les Rencontres de la photographie d’Arles, le CAUE des Bouches-du-Rhône avait participé, en 2020, à l’édition de Paradisiaque ! Ce beau livre, tiré d’une exposition d’images d’archives et de collections privées, décrit comment le delta est devenu, au cours de la seconde moitié du XXe siècle, une terre de rêves en apparence contradictoires : le plein emploi, les vacances à la mer pour tous et, déjà, une nature et des paysages protégés. « Il appartenait au Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement des Bouches-du-Rhône, partenaire et partie prenante de ces territoires, de prolonger, au côté du parc naturel régional de Camargue, cette belle exposition Paradisiaque !, dans un ouvrage complété et augmenté poursuivant ainsi, dans la durée, le récit passionnant d’une page récente de notre histoire », explique Gilles Galice, directeur du CAUE, dans la préface.
Trois communes pour un territoire
Voilà donc l’histoire qui précéda et accompagna justement la naissance du parc naturel régional. Déjà cinq décennies que les communes du delta (Arles, Port-Saint-Louis-du-Rhône, Les Saintes-Maries-de-la-Mer) œuvrent avec la Région à la protection de cet archipel, à un développement raisonné des activités agricoles, à une régulation des flux de visiteurs et à la préservation de la culture de ce territoire sous la bannière « parc naturel régional de Camargue ».
Repenser les manières d'habiter, respecter le paysage
Le parc adhère au CAUE depuis 2016. De ce partenariat est né, dès 2017, une Charte de paysage et d’urbanisme. Destinée à tout porteur de projet, elle donne les clés pour prévenir au mieux le « mitage », en particulier des espaces agricoles, améliorer l’entrée des hameaux, repenser les limites entre espaces publics et espaces privés…
Et pour demain ? « Ce qui est crucial ici, c’est la question de l’inondabilité, explique Sophie Deruaz, architecte-conseil territoriale du CAUE. Avant, les mas, dispersés, n’étaient pas habités toute l’année. Ces fermes étaient conçues pour être inondées par les crues saisonnières du Rhône. Aujourd’hui, avec les enjeux liés au réchauffement climatique et à la montée des eaux, il faut repenser les manières d’habiter et de construire, tout en respectant l’intégration des bâtiments dans le paysage. »
Adaptation des constructions, protection des milieux, évolution du trait de côte (faut-il lutter contre son érosion ou laisser les éléments le redessiner ?)… Pour ce paradis, les défis sont immenses.