La condition urbaine dans dix villes-monde
Comment filmer la ville ? Comment se faire oublier dans l’espace public en tant que cinéaste ? Nos quotidiens dans les mégapoles sont-ils les mêmes de part et d’autre du globe ? Nous avons invité les artistes vidéastes Ila Bêka et Louise Lemoine, auteurs des dix films de la série Homo urbanus, pour échanger avec le philosophe de l’urbain Thierry Paquot.
C’était il y a près d’un an, du 15 au 25 octobre 2020. En partenariat avec le festival Image de ville, nous présentions, à Marseille, un dispositif inédit, fruit du travail au long cours des artistes vidéastes Ila Bêka et Louise Lemoine. Aux Docks de la Joliette, des écrans projetaient en boucle les dix films de leur série Homo urbanus. Doha, Tokyo, Bogota, Saint-Pétersbourg, Séoul…
Pour chacune de ces villes-monde, environ une heure d’images prises à hauteur de flâneur. Ici, ni drone, ni vue du ciel, ni voix off. En revanche, une remarquable bande son immersive et un point de vue emportant le spectateur dans une odyssée postmoderne. Alors qu’un nouveau confinement se profilait, des visiteurs sont venus, restant parfois plusieurs heures, face aux écrans, comme hypnotisés par ces paysages autant urbains qu’humains. Pour ceux qui ont raté l’événement, un rattrapage est possible sur le site des artistes.
Désireux de prolonger les réflexions dans lesquelles nous plongent ces films, Luc Joulé, directeur artistique d’Image de ville, et Gilles Galice, directeur du CAUE des Bouches-du-Rhône, ont invité Ila Bêka et Louise Lemoine à une rencontre, par écrans interposés, avec Thierry Paquot, sociologue et philosophe de l’urbain, auteur, entre autres, de Désastres urbains et de Mesure et Démesure des villes. Mais surtout, en 1990, de Homo urbanus, Essai sur l’urbanisation du monde et des mœurs, auquel les cinéastes ont emprunté leur titre.
Comment filmer la ville ? Comment se faire oublier dans l’espace public en tant que cinéaste ? Nos quotidiens sont-ils les mêmes de part et d’autre du globe ? Les auteurs nous ouvrent ici les coulisses de cet objet filmique unique, entre architecture, cinéma et art. Quant aux échanges avec le philosophe, ils donnent à comprendre un phénomène qui fabrique, depuis des décennies, la condition humaine contemporaine. Car, comme l’affirme Thierry Paquot en préambule de la rencontre : « Nous sommes sur la même petite terre, et celle-ci est dorénavant urbaine. »
Pour en savoir plus
Site d’Ila Bêka et Louise Lemoine
Livres de Thierry Paquot