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Les cimentiers marseillais à l'honneur
Dix-sept moulages en taille réelle de décors d’architectures et de jardins de Marseille et des environs sont sortis de l'oubli. L'occasion de remettre en valeur un style qui a marqué notre région.
L’histoire des moulages
Alors que l’époque valorisait le minimalisme et l’épure en architecture, le CAUE des Bouches-du-Rhône avait décidé, au début des années 1980, de mettre à l’honneur lors d’une exposition monumentale un art décoratif en vogue au XIXe siècle parfois qualifié de rococo : le style rocaille. Cette exposition, fruit d’un partenariat avec l’Institut français d’architecture et dont le commissaire était l’historien des jardins Michel Racine, avait été présentée à Paris, à l’IFA, et à Marseille. Pour l’occasion, des moulages taille réelle avaient été réalisés, des empreintes d’éléments architecturaux de bâtiments situés dans la Cité phocéenne et dans ses environs. Après l’événement, ces moulages furent stockés dans un conteneur de la régie régionale… et oubliés.
Leur redécouverte
En 2021, à la faveur d'une réorganisation de la régie, un technicien a ouvert le conteneur. Intrigué par ce qu'il y a vu, il a cherché leur origine. Il est ainsi remonté jusqu'au CAUE. En décembre, informés de leur localisation, nous avons pu les récupérer dans nos locaux. Les voici enfin sauvés, dans un parfait état de conservation.
Un patrimoine d’exception
Ces œuvres sont le reflet du travail d’artisans – parfois de dynasties d’artisans – du ciment. Artistes du faux et de l’illusion, du grotesque et de l’étrange, ils ont marqué Marseille et sa région, des modestes maisons aux bastides bourgeoises en passant par les jardins publics, un peu comme l’art nouveau transformera à Barcelone ou Bruxelles au début du XXe siècle. Peut-on parler d’une « école de Marseille » alors que le style s’est déployé dans la France entière ? Une chose est sûre, les cimentiers provençaux firent preuve d’une variété de thèmes et d’une liberté de traitement uniques en leur genre. L’influence d’artistes italiens n’y fut pas étrangère. Ces moulages en apportent la preuve.