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Paysages agricoles : vingt conseils pour les préserver

Parce que les paysages agricoles sont des trésors à protéger et à accompagner dans leur évolution, voici un guide à destination des agriculteurs qui souhaitent construire.

En zone agricole, installer un nouveau bâtiment d’exploitation est interdit. À certaines conditions, des dérogations peuvent cependant être obtenues. Nourrie d’exemples et d’illustrations, une nouvelle publication du CAUE rappelle les règles et aide les agriculteurs à concevoir leur projet dans le respect de nos paysages.

Livret Intégration paysagère du bâti agricole

De loin, de près et d’encore plus près : trois échelles à respecter

Le paysage étant avant tout le fruit d’une perception visuelle, imaginer le nouveau bâtiment avec plus ou moins de recul permet de l'envisager en rapport avec son environnement. En trois chapitres distincts, cette publication donne des clés pour prendre la mesure de l'impact de la future construction.

Le lointain, les abords, les bâtiments
Le paysage, les abords, les bâtiments

Les clés pour construire

À l’origine de cet ouvrage, plusieurs constats. D’une part, depuis des siècles, les paysans façonnent et entretiennent l’espace rural des Bouches-du-Rhône, qui couvre encore près d’un tiers du territoire. Mais au cours des dernières décennies, l’évolution des pratiques, des techniques, et la diversification des activités entraînent parfois une mutation des exploitations et une banalisation de l’architecture, d’autant plus problématique que les installations sont visibles de loin.

D’autre part, dans les zones classées « agricoles », le principe d’inconstructibilité et la préservation du potentiel agricole prévalent. Pourtant, les agriculteurs ont parfois besoin de nouveaux bâtiments ou d’agrandir ceux qui existent, pour stocker, protéger le matériel, abriter bétail, développer une nouvelle activité, etc. Par dérogation, ils peuvent obtenir du préfet (sur recommandation de la CDPenaf et de la Commission départementale de la nature, des paysages et des sites), l’autorisation de mener à bien leur projet. Encore faut-il que celui-ci soit étayé, que les installations répondent précisément aux besoins et qu’elles respectent des principes d’insertion dans le paysage. Cette partie doit être d’autant plus complète et soignée que le projet se situe dans un secteur à enjeux paysagers ou dans un espace protégé (site inscrit, classé, abords de monument historique, site patrimonial remarquable).

Pour accompagner les agriculteurs, le CAUE des Bouches-du-Rhône a réalisé, avec la participation des services de l'État, un document de sensibilisation : Intégration paysagère du bâti agricole. 20 recommandations. Le but de cette publication, qui ne se substitue pas à la consultation d’un professionnel qualifié (architecte, paysagiste), est de leur donner les clés pour construire un dossier de permis de construire doté d'un solide volet paysager. 

Croquis plaine de Venelles

Prendre du champ

La première action consiste à s’éloigner de la parcelle concernée par le projet, de circuler – à pied, à vélo, en voiture – sur les axes environnants.
Quand la route prend de la hauteur, c’est de là qu’il faut se retourner et observer. Lorsqu’on souhaite établir une construction, la faire entrer dans un champ de vision élargi n’est pas anodin. Interrogé récemment par une commune du département sur l’évolution d’une plaine agricole, le CAUE avait pu mettre en évidence un grand nombre d’axes dits de « covisibilité », dus à une topographie en cuvette de la plaine. On voit la plaine depuis le village, et le village depuis la plaine. Une réciprocité à considérer.
S’inscrire dans le paysage, prendre compte des particularités du site et tirer parti de la topographie sont les trois grands thèmes du chapitre « L’exploitation dans le paysage ».

Bastide La Manon Venelles

Fonctionnel, économique et harmonieux

Dans un deuxième temps, il convient de s’interroger sur la position du nouveau bâtiment par rapport à ceux qui préexistent, sur l’implantation des corps de ferme les uns par rapport aux autres : en L ou en U, jamais dispersés. La notion de continuité est à garder en tête, savoir conserver un ensemble compact. Le chapitre « Les bâtiments d’exploitation » guide le porteur de projet sur cet aspect, mais aussi sur le choix des matériaux de construction, la conception de volumes simples, un dessin des façades rythmé et équilibré, la place des lieux de stockage et le meilleur moyen de positionner des panneaux photovoltaïques sur les toitures.

Le végétal fait le lien

Le végétal, l’ornement utile

Une allée de tilleuls qui guident le visiteur jusqu’à la ferme, des platanes côté sud du bâtiment qui assurent de l’ombre en été et laissent passer la lumière en hiver… Les arbres jouent leur rôle dans tout projet de nouvelle implantation. Le guide permet de comprendre ces différents usages dans la recherche d’intégration paysagère d’une exploitation. Un rideau végétal crée une haie brise-vent – fondamental dans notre département ! –, dissimule des serres, prolonge visuellement certaines formes bâties. Mais le rôle des arbres et massifs ne s’arrête pas là : ils marquent l’entrée du domaine, ses limites, voire les font disparaître visuellement. Le dernier chapitre de cette publication, intitulé « Les abords de l’exploitation », donne aussi des solutions pour canaliser l’écoulement des eaux de pluie, mettre en place des sols perméables adaptés et même concevoir une signalétique discrète quand l’établissement accueille le public.

À disposition dans les communes

Ce guide a été remis aux services urbanisme des mairies adhérentes du CAUE. Il est diffusé par les architectes lors de leurs permanences. Il est aussi disponible en téléchargement libre sur notre site ainsi que sur commande (moyennant l’acquittement des frais de port).