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Quand le patrimoine fait l'école buissonnière
La journée des Enfants du patrimoine a permis à plus de mille écoliers et lycéens du département de découvrir les aspects méconnus et surprenants de quartiers qu’ils pensaient connaître…
Bouches-du-Rhône
« Où se trouve la calanque du Lacydon ? Reconnaissez-vous les bossages ? Les pilastres ? Les couronnements ? » Le Lacydon, c’est le Vieux Port, les pilastres et les couronnements, ce sont ceux de l’Hôtel de Ville, représenté sous sa vitrine à l’échelle 1/50e. Ce vendredi 17 septembre au matin, dans les contreforts vitrés du Centre Bourse, ça bosse dur parmi les collections du musée d’Histoire de Marseille ! Avec ses devinettes, ses fiches dessinées qui permettent d’identifier les traces vieilles de deux mille ans ou de quelques siècles, Luc Glardon, guide conférencier, capte l’attention des élèves de CM2. Ils sont venus de l’école élémentaire voisine des Convalescents, dans le quartier Belsunce. La petite vingtaine d'écoliers, encadrés par leur institutrice et deux parents d’élèves, se laissent captiver par la découverte de leur ville, son évolution. De maquette géante en maquette géante, ils remontent le temps, apprennent à repérer les époques successives.
Une opération nationale et locale
Ce vendredi-là, veille des Journée du patrimoine, la fédération des CAUE organisait dans toute la France l’opération Enfants du patrimoine. Une journée rien que pour les scolaires, de la maternelle à la terminale, destinée à leur faire découvrir des lieux méconnus ou redécouvrir un environnement urbain familier, guidés par un spécialiste. Dans notre département, cette année, ce sont 34 classes, soit un millier d’élèves, qui ont pu profiter d’une visite de musée personnalisée ou d’une balade taillée sur mesure. À Marseille, outre le musée d’Histoire de Marseille, celui des Beaux-Arts et le palais Longchamp, le château Borély, la Vieille-Charité, le Mucem, la Cité des arts de la rue, le musée Grobet-Labadié et le muséum d’Histoire naturelle ont répondu présents à l’appel du CAUE des Bouches-du-Rhône. Avec le même souhait : mettre en avant l'architecture qui abrite leurs collections.



Le port industriel de la Joliette avant/après
Place de la Joliette, une tout autre expérience attendait une classe de CM2 de l’école élémentaire Hozier, dans le deuxième arrondissement. Rendez-vous devant l’entrée des Docks. Tout le monde est là, une trentaine d’élèves avec professeur et accompagnants pour une balade concoctée en partenariat avec le Mucem. Deux architectes du CAUE emmènent le groupe sur les traces du port industriel et de ses activités périphériques qui occupaient naguère une large portion du quartier : entrepôts transfigurés, relique de l’entreprise de produits laitiers Biétron, réhabilitation d’usine en école, comme celle du Chevalier-Paul, ou encore le collège Jean-Claude-Izzo qui intègre à son architecture contemporaine des containers, référence au commerce maritime. Photos sépia à l’appui, nos guides plongent le jeune public dans une époque où Euroméditerranée n’avait pas encore dressé ses tours sur le front de mer et où les rues étaient sillonnées de trolleys et de charrettes surchargées tractées par des chevaux. Le début du siècle dernier, une éternité pour ces petits arpenteurs. « La ville était en noir et blanc, avant ? » demandera une élève.
Des balades ludiques « en autonomie » ou guidées
Lors de cette journée, la Compagnie des rêves urbains permettait aux professeurs de télécharger ses carnets de balades, précieux outils pédagogiques. « Onze classes nous ont écrit pour nous signaler qu’elles comptaient y avoir recours le vendredi 17 septembre, cinq de Marseille et six d'Aubagne, Martigues, La Ciotat, raconte Aurore Leconte, la directrice de l’association. Et il est possible que d'autres aient utilisé les carnets ce jour-là. » Tandis qu’avaient lieu ces visites « en autonomie », la Compagnie a elle-même guidé deux classes de Marseille à travers le quartier de la Porte d’Aix, en pleine rénovation et à l’histoire très riche. L'exposition en plein air a fourni un appui pour mieux comprendre, de la préhistoire jusqu’à l’arrivée de l’autoroute et au profond remaniement urbain que l’on voit aujourd’hui, l’évolution de ces lieux devenus emblématiques de l’entrée dans la ville.

À travers toutes ces visites, les enfants ont pu apprendre en s’amusant, mais surtout comprendre qu’une ville est le fruit de projets successifs, de décisions politiques parfois contradictoires. Et le résultat du travail d’artisans, d’urbanistes et d’architectes.
Merci aux architectes du CAUE et à nos partenaires.