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Ravalements en centres anciens : un point d’étape

Deux ans, 64 communes, 1400 fiches et 140 façades rénovées… Les architectes conseil se sont réunis pour envisager la suite de l’« Opération façades ».

Date
Le
Lieu

Département des Bouches-du-Rhône

À l’échelle d’une commune, le centre ne représente souvent qu’un faible pourcentage de l’espace urbanisé. Mais c’est en général lui qui concentre la plus grande valeur patrimoniale bâtie et, à ce titre, il demande toutes les attentions. Or, rénover une façade engage un coût élevé qui peut freiner les particuliers qui y vivent. Voilà pourquoi le Département a décidé d’appuyer les communes désireuses de les aider en finançant une grande partie des travaux. Nom de ce dispositif d’embellissement : « Opération façades ». Le CAUE apporte sa contribution en émettant, pour chaque projet, des préconisations sur les matériaux, les couleurs, les techniques employées. Ces conseils, délivrés gratuitement au pétitionnaire, tendent vers le même objectif : un retour aux sources.

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Parmi les 64 communes engagées dans le dispositif : La Ciotat.
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Un pixel + un pixel…

Petit à petit, les vieux crépis synthétiques des années 1980-1990, les volets et fenêtres en PVC, les couleurs hasardeuses dégradent l’aspect des quartiers anciens. Le charme qui nous fait aimer nos villages, où chaque façade est comme un pixel qui forme un tout avec ses voisins, se dissipe, souvent sans que l’on s’en rendre compte. Une insidieuse banalisation est en marche. « La couleur est une matière », ont rappelé les architectes du CAUE réunis le 2 février dernier pour dresser un premier bilan après deux ans sur le terrain. « La façade s’inscrit dans un environnement. »

Réunion Opérations Façades
Au démarrage, à mi-parcours et à la livraison : les trois étapes où les architectes conseil du CAUE émettent un avis.

Les règles de l’art du ravalement

Lors de cette réunion, quelques principes ont été rappelés, notamment par les architectes spécialisés dans le patrimoine : « Tout commence par une visite du site. Elle a lieu avec le propriétaire et permet de décrire la façade, ses qualités (même pour les plus modestes d’entre elles), la beauté des décors, les détails qu’il faut révéler. Le plus possible, on cherche à s’approcher des couleurs d’origine, souvent encore perceptibles sous les couches plus récentes. » Pour certaines communes, le CAUE a réalisé une « palette de couleurs », outil très utile et support de discussions. Consignées sur une fiche, les préconisations permettent ensuite au pétitionnaire de vérifier que le devis qu’il obtiendra de l’artisan est bien conforme. Et si les recommandations sont respectées, après une dernière visite de contrôle à la fin du chantier, l’aide apportée par la commune pourra couvrir de 50 % à 70 % de la facture.

Les concessionnaires aux abonnés absents

Certains architectes ont exposé les problèmes rencontrés avec les câbles et autres fils qui balafrent les façades, propriété de concessionnaires télécom ou de fournisseurs d’énergie. Mais comment travailler avec les sous-traitants qui posent ces équipements ? Dans ces secteurs d’activité, l’empilement des interlocuteurs complique le dialogue quand il s'agit de faire déplacer des câbles. Alors, la plupart du temps, les architectes recommandent de faire peindre les câbles ou de les repositionner, sous les corniches par exemple. Un moindre mal. Quant aux antennes TV, souvent hors d’usage, ils conseillent de les enlever, pour traiter les souches de cheminée et réduire la pollution visuelle sur le « skyline » des villages.

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Souvent, une pollution visuelle demeure : cables, paraboles et antennes TV.

Le mariage de la beauté et de l’isolation

Il n’est pas rare que des pétitionnaires souhaitent profiter du chantier pour améliorer le confort de leur logement. L’isolation thermique par l’extérieur (ITE), disgracieuse sur le bâti ancien, étant à écarter, les architectes ont débattu des meilleures options, les plus écologiques et les plus efficaces. Les questions sont lancées : comment éviter aux bâtiments « l’effet K-Way », comment conserver la perspiration (qui laisse passer l'humidité) des murs, en résumé, comment trouver sur le marché des produits « biosourcés » et qui protègent autant du froid que du chaud ? Selon certains, les nouveaux enduits isolants donnent des résultats satisfaisants, mais ils doivent être complétés par une couche de type chaux-chanvre à l’intérieur et leur application demande un savoir-faire que n’ont pas encore tous les artisans.

Vers une réaction en chaîne

Quand le dispositif est mis en place sur une commune, cela ne se voit pas tout de suite. Entre la rédaction de la fiche de ravalement et la fin du chantier, il se passe souvent plusieurs mois. « Mais ensuite, il y a un phénomène d’entraînement, car les gens voient ce que ça donne et sont très satisfaits, ils veulent comme le voisin. » Formation des architectes et des artisans, réflexions sur les matériaux isolants… L’Opération façades est bel et bien lancée !